André Malraux nomme, en 1961, le peintre Balthus directeur de la Villa Médicis ; le Prix de Rome commence alors sérieusement à s’affranchir des règles néo-classiques jusque là recommandées.
A la suite des événements de Mai 68, l’appellation "Prix de Rome" sera supprimée et commencera à se posera la question de la légitimité même d’une institution coûteuse comme la Villa Médicis.
En 1971, après plus d’un siècle de tutelle par l’Institut, l’Académie de France, donc le Villa, est rattachée au Ministère de la Culture et les grandes disciplines traditionnelles, architecture, sculpture, musique et surtout peinture, prendront une importance des plus relatives.
De nos jours, le mode de sélection des futurs pensionnaires de la Villa n’est plus clairement établi, il repose essentiellement sur la constitution et l'examen subjectif d'un dossier personnel. En tout cas, il ne se fonde plus sur des lois académiques considérées comme définitivement dépassées et encore moins sur la reconnaissance d'un public, absent et considéré profane.
Chaque année, pour chacune des disciplines présentes à la Villa, une présélection est effectuée par des rapporteurs mandatés par la Délégation aux arts plastiques. Ces rapporteurs sont incités à faire appel à des candidats dont ils connaissent déjà le travail, aussi auront-ils une naturelle tendance à soutenir leurs candidats au détriment des autres. Concrètement, il y a donc deux modes de recrutement : le premier avec des candidats parrainés et l'autre avec des prétendants libres, d'emblée défavorisés, ce qui s'apparente assez à une forme de copinage. Ce qui, bien entendu, ne devrait pas être.
Désormais, la Villa Médicis ne présente plus pour les artistes élus une caution suffisante de réussite, mais l'établissement assure encore un lien avec les réseaux d'influence et permet sans doute aussi d’obtenir un poste d'enseignant-fonctionnaire.
Désormais, la Villa Médicis ne présente plus pour les artistes élus une caution suffisante de réussite, mais l'établissement assure encore un lien avec les réseaux d'influence et permet sans doute aussi d’obtenir un poste d'enseignant-fonctionnaire.
En sachant par ailleurs que la nomination au poste envié de directeur de la Villa Médicis se fait par décret du chef de l’État, celle-ci offre surtout des opportunités de reclassement à quelques hauts fonctionnaires ou conseillers politiques, ce qui peut expliquer que même devenue inutile et sans objet, la suppression de la Villa Médicis ne figure pas à l'ordre du jour, pas plus que sa vente ou sa restitution aux italiens.
L’APRÈS 1968
En mai 1968, des grèves étudiantes à la Sorbonne, dans les facultés et grandes écoles entraînent la séparation du département d'architecture de l'École des Beaux-Arts, ainsi que la fin du traditionnel Bal des Quat'z'Arts.
Cette date constitue sans conteste une période charnière au niveau de l’enseignement des Arts. En effet, les anciens critères académiques, jugés trop rigides pour favoriser l’originalité et trop aliénants pour la personnalité des créateurs, se trouvent vivement remis en cause. Les étudiants réclament alors la suppression du Prix de Rome, de la présence obligatoire aux cours avec un alignement sur le système des facultés.
Ces doléances vont être entendues dès 1970 ; année qui entérine, après la suppression du Prix de Rome :
- La fin de la présence régulière aux cours, ce qui ne manquera pas d'engendrer, à plus ou moins long terme, un absentéisme chronique.
- La fin de l’examen de base des Beaux-Arts, le certificat d’aptitude à la formation artistique supérieure (CAFAS) qui, jusqu'alors, authentifiait la maîtrise des techniques artistiques.
A partir de là, les écoles placées sous la dépendance du Ministère de la Culture perdront le monopole de la formation avec la mise en place progressive des facultés d’Arts Plastiques et la création d’un cursus universitaire classique licence-troisième cycle.
Le marché de l'art, les emplois de fonctionnaire dans ce domaine - enseignement et culture - se trouvant de tout temps réduits, ces deux filières de formation auront comme conséquence d'accroître considérablement les effectifs des étudiants diplômés et d'en laisser par conséquent bon nombre sans aucune perspective de carrière et d’emploi.