Les lauréats du Prix de Rome 1957
Elèves de l'école d'art de Clermont-Ferrand
L'Oeuvre :
- Actuellement une photographie floue, au genre indéterminé qui peut être de qualité médiocre, mais de grand format avec, au centre, un éclairage néon qui clignote. Le tout sur un fond sonore répétitif.
Le Titre :
- De préférence en anglais : UNTITLED
La Démarche :
- Le processus de l'assimilation de la source lumineuse et sonore, de sa mise en valeur et de l'atténuation floue jouent un rôle récurrent majeur. Les calculs parfois ironiquement exagérés ne livrent pas seulement le protocole détaillé de la propre démarche intrinsèque mais ils introduisent aussi l'aspect délibérément arbitraire et ambigu des systèmes sémantiques et géoponiques qui se réfèrent à eux-mêmes en s'ouvrant finalement sur des lectures multiples qui questionnent le spectateur ordinaire...
L'Artiste :
- Vit et travaille à New York, appartient et est issu de la bourgeoisie aisée.
Pour appartenir à la scène de l'art occidental le talent n'est pas indispensable, par contre la connaissance du réseau est incontournable et le carnet d'adresse doit-être des plus influant.
LE PARADOXE de l'art contemporain.
La culture générale s'est démocratisée. A la version latine de la Troisième République s'est progressivement substitué la sélection par les mathématiques, aux résultats peu contestables et sans doute plus justes. Dans le domaine des Beaux-Arts, l'académisme a laissé place au "concept", forcément subjectif, donc sujet à une sélection arbitraire.
Outre les partisans de l'art moderne, les lauréats-professionnels de l'art contemporain ont très souvent tourné en dérision la peinture académique et dénoncé l'ancien système des Beaux-Arts. Néanmoins la tendance qui privilégie le conceptuel et le minimalisme bénéficie généreusement du soutien de l'administration, véritable substitut aux Salons officiels du Second Empire et de la Troisième République. Mais au contraire de l'art académique, en son temps incontestablement populaire, l'art contemporain n'a pas ou presque pas de public et sans l'appui des structures mises en place par l'Etat français son existence même paraît improbable, sa légitimité s'en trouve donc vivement remise en cause.
La démocratie, un vain mot ?
La démocratie n'existe pas vraiment, elle n'est qu'une illusion.
L'artiste en tant que tel n'a guère de pouvoir de décision, tout est déjà régi par les marchés, la mode du moment et les groupes d'influence.
Les domaines de l'Art n'échappent pas à cette règle générale, bien au contraire, ils l'exacerbent et le conformisme intellectuel est bien plus répandu qu'il n'y paraît.
La technique - incontournable avec l'art académique par exemple - se trouve reléguée comme simple accessoire, quant au sens de l'oeuvre il reste très secondaire, voire inexistant. Dès lors, tout le monde peut désormais exposer et prétendre au statut d'artiste, mais officiellement il y a très peu d'élus.
Les étudiants qui choisissent les filières artistiques s'exposent inévitablement à un problème de débouché, et ceux qui subissent l'influence de l'art contemporain encore davantage. Ce marché des oeuvres contemporaines, mis à part quelques institutions, est quasi inexistant alors qu'il restera toujours possible avec la peinture d'intéresser, même modestement, quelques amateurs et collectionneurs.