La question des écoles d'arts en France revient dans le débat public, et la réponse porte sur une éventuelle suppression ou bien sur une nécessaire transformation ?
Les écoles d'arts sont majoritairement financées par l’État et les villes, le coût demeure élevé pour les collectivités et le retour sur investissement reste faible en termes d’emplois stables, avec une insertion professionnelle très aléatoire pour les nombreux élèves diplômés qui peinent à vivre de leur pratique artistique. Le modèle économique du champ artistique reste précaire et, plus ou moins, tributaire des relations et connaissances du milieu.
Réformer plutôt que supprimer ?
Faut-il supprimer les écoles des Beaux-Arts ? Sans aucun doute, si celles-ci refusent de se transformer en profondeur.
La disparition des écoles des Beaux-Arts peut apparaître choquante tant elles bénéficient d’un fort capital symbolique et historique. Pourtant, dans leur forme actuelle, elles posent un problème démocratique, économique et culturel majeur. Maintenir ces institutions sans remise en question radicale revient à financer, avec de l’argent public, un système largement déconnecté des réalités sociales.
Tout d’abord, les écoles d'arts produisent une précarité structurelle. Elles forment chaque année des centaines d’étudiants à des carrières dont elles savent pertinemment qu’elles sont extrêmement limitées. La majorité des diplômés ne vivra jamais de son art, tout en ayant été encouragée à croire à une réussite fondée sur la vocation plutôt que sur la réalité économique. Cette situation pose un problème éthique : peut-on légitimement former à plein temps à des métiers sans débouchés réels ?
Ensuite, malgré leur image progressiste, les Beaux-Arts fonctionnent comme des espaces de reproduction sociale et culturelle. Le langage théorique, les codes esthétiques et les réseaux valorisés favorisent ceux qui disposent déjà d’une certaine liberté culturelle et économique. Loin de démocratiser l’art, ces écoles contribuent souvent à renforcer une forme d’élitisme déguisé, où la reconnaissance dépend davantage de l’adhésion à des normes implicites que de la créativité elle-même.
Par ailleurs, l’art qui y est promu est fréquemment coupé du public. En privilégiant des pratiques conceptuelles hermétiques, les Beaux-Arts participent à la rupture entre création contemporaine et société. L’argent public finance ainsi des œuvres et des discours qui ne s’adressent qu’à un cercle restreint de professionnels et d’institutions, alimentant la défiance envers l’art contemporain.
Dans un contexte de contraintes budgétaires, la question de la priorité des dépenses publiques ne peut être évacuée. Faut-il continuer à investir massivement dans des formations dont l’impact social reste très faible, alors que l’éducation, la santé, la sécurité avec, plus récemment, l'idée de réarmement, manquent de moyens ? La culture ne peut se soustraire indéfiniment à l’exigence de responsabilité collective.
Si les écoles d'arts demeurent incapables de se réformer en assumant une véritable transparence sur les débouchés, en s’ouvrant à des pratiques concrètes, socialement engagées, et en rompant avec leur entre-soi, leur suppression ne deviendrait plus improbable, mais sans doute politiquement incontournable. Défendre la création artistique ne signifie pas défendre toutes ses institutions sans esprit critique et envers et contre tous.
Les écoles des Beaux-Arts en France : un modèle isolé ?
Le débat sur l’avenir des écoles d'arts en France gagne à être éclairé en observant les modèles étrangers. On remarque que la France se distingue par un attachement à une formation artistique publique, gratuite ou peu coûteuse, mais également par une sérieuse difficulté à adapter ces formations aux réalités contemporaines.
En France, les écoles des Beaux-Arts sont majoritairement publiques, financées par l’État et les collectivités territoriales. Leur mission repose sur la liberté artistique, l’expérimentation et la recherche plastique. L’insertion professionnelle n’est pas prise en compte, son aspect financier jamais évoqué, ce qui explique les critiques récurrentes sur la précarité des diplômés.
Au Royaume-Uni et aux États-Unis, les écoles d’art sont souvent intégrées aux universités ou relèvent du secteur privé. Les frais d’inscription sont élevés, ce qui rend l’accès socialement plus sélectif. En contrepartie, ces formations mettent l’accent sur la professionnalisation, le développement de réseaux, la préparation au marché de l’art, du design ou de l’industrie connexe. Ce modèle favorise une insertion plus réaliste.
En Allemagne, en Suisse ou dans les pays nordiques, les académies d’art sont également publiques, mais sélectives par le nombre d’étudiants limité, et l’accompagnement individualisé est renforcé. L’objectif est de ne pas former trop d’artistes tout en leur offrant de meilleures conditions de travail et de reconnaissance.
Dans des pays comme la Corée du Sud ou le Japon, les écoles d’art sont souvent directement tournées vers l’industrie culturelle : design, animation, jeu vidéo. La création artistique est étroitement connectée aux débouchés économiques.
La France maintient un modèle ambigu, dont les effets sociaux et économiques sont de plus en plus contestables. La formation, jugée déconnectée des réalités du quotidien, manque de compétences pratiques et techniques et entretient un entre-soi jugé illusoire et préjudiciable.
Dans les pays anglo-saxons, les écoles d’art fonctionnent selon une logique de marché. Le coût élevé des cours possède au moins le mérite de la clarté. Les institutions forment des professionnels destinés à intégrer des secteurs identifiés (marché de l’art, design, industries créatives). La France, à l’inverse, promet symboliquement une émancipation artistique sans fournir les moyens réels d’en vivre, transférant le risque de l’échec sur les individus plutôt que sur l’institution et ses nombreux fonctionnaires.
Le modèle allemand et nord-européen, quant à lui, assume une certaine sélectivité. Peu d’étudiants sont admis, mais ils bénéficient généralement d’un accompagnement favorable à une insertion durable. Ce choix peut paraître élitiste, mais il limite la production massive de diplômés précaires. En France l’accès est plus large, mais la sortie se fait souvent dans l’isolement et l’instabilité.
Les pays asiatiques, plus pragmatiques, conjuguent enseignements artistiques et industries culturelles, ils considèrent la création comme une compétence productive. Cette orientation réduit la liberté, mais elle garantit une utilité sociale identifiable. En France, au contraire, l’art enseigné demeure souvent déconnecté de toute demande économique, renforçant le sentiment d’un art subventionné pour lui-même.
Les Beaux-Arts en France ne sont ni des centres de formation professionnelle, ni des laboratoires clairement assumés de recherche artistique.
Dès lors, deux options cohérentes se présentent.
- Soit la France engage la refondation radicale de ses écoles d’art, déjà en réduisant leur nombre, ensuite en clarifiant leurs missions et en assumant des critères techniques et de savoir-faire exigeants.
- Soit leur suppression progressive devient une hypothèse complétement légitime en ces temps de budget contraint.
Continuer à financer un système qui produit structurellement de la précarité, tout en invoquant la liberté artistique comme justificatif moral, relève moins de la défense de la culture que d’un aveuglement institutionnel.
Quel avenir pour le FNAC, le Fonds National d'Art Contemporain et de son gestionnaire le Centre national des arts plastiques, le CNAP ?
Le FNAC possède une collection publique d’art contemporain qui rassemble les arts plastiques, la photographie, le design, etc., depuis la fin du XVIIIᵉ siècle à aujourd'hui. Il n’a pas de lieu d’exposition permanent mais l'institution prête en principe ses œuvres à des musées ou à d'autres lieux culturels. Ce Fonds représente une partie historique mais également vivante de la création française. Son avenir dépendra des choix politiques et culturels entre patrimoine national et stratégies d’ouverture, c'est-à-dire une ouverture plurielle et non orientée, entre conservation patrimoniale et diffusion auprès du public.
La gestion du Fonds est confiée au Centre national des arts plastiques, un établissement public sous tutelle du ministère de la Culture.
À l’automne 2025, la Cour des comptes a rendu un rapport très critique sur le CNAP, jugeant son modèle non viable et son efficacité insuffisante. Son action est considérée comme excessivement tournée vers la conservation, au détriment de la diffusion des œuvres, avec des acquisitions trop orientées au préjudice d'une réelle diversité.
Une grande partie de la collection reste en réserve et n’est que rarement présentée, ce qui diminue sa visibilité. Les coûts de conservation restent élevés, la centralisation excessive et, surtout, l’impact sur le public demeure très faible.
Les frais d’un déménagement à Pantin, prévu en 2027, sont par ailleurs jugés excessifs par rapport aux finances du pays, alors que la gestion des collections pourrait parfaitement être répartie entre des institutions culturelles déjà existantes.
Que se passe-t-il ailleurs au niveau des collections contemporaines ?
Au Royaume-Uni la collection est un service public actif avec une diffusion prioritaire. La collection est quasi exclusivement en circulation dans les musées locaux, les universités, les hôpitaux, les administrations.
La visibilité des artistes vivants est forte et l'art se trouve le plus possible intégré à la vie quotidienne.
En Allemagne, on peut parler d'un fédéralisme culturel et de co-responsabilité avec des collections publiques décentralisées, et d'un fort rôle des Kunstvereine (associations d’art).
Au Canada, la médiation territoriale mise en place se compose surtout d’artistes vivants. Les oeuvres sont, dans la mesure du possible, louées à des institutions, des ambassades, des universités, souvent avec des accompagnements pédagogiques.
Aux États-Unis la diffusion s'effectue par partenariats avec un rôle majeur joué par des fondations, des universités, des musées privés à mission publique.
Avec le départ programmé de Rachida Dati, début 2026, le moment opportun s'offre pour l'Etat de faire de sérieuses économies.
Il s'agit, ni plus ni moins, de passer d'un coûteux et peu démocratique ministère de la culture à un simple secrétariat d'état. Aujourd'hui, seulement une poignée d'"artistes", tout domaine confondu, peut prétendre bénéficier d'une aide ministérielle.
Quelques données
Effectifs du ministère de la Culture
Selon les chiffres du ministère, en 2024 il y avait environ 7 400 agents directement employés dans l’administration centrale du ministère.
Selon un rapport du Sénat, en 2023 le ministère de la Culture rémunère 28 485 emplois, équivalents temps plein, dont :
8 969 emplois, personnels directement rémunérés par l’État.
19 526 emplois via les opérateurs ou agences, qui sont des structures subventionnées ou créées par le ministère.
Le rapport du Sénat souligne que le ministère de la Culture est caractérisé par un réseau d’opérateurs considérable.
Les crédits dédiés aux fonctions de soutien du ministère, autrement dit la masse salariale liée au fonctionnement du ministère augmente toujours.
Pour le Rapport Social Unique 2023, le ministère compte 28 485 agents, dont 80 % travaillent dans des établissements publics (opérateurs comme les Musées), et environ 5 % en administration centrale.
Le gouvernement veut réduire le nombre de fonctionnaires pour faire des économies, ce qui laisse entendre qu’il estime certains effectifs excessifs. L’administration d’État ne cesse pourtant de grossir et des voix critiquent un manque de lien clair entre les agents et un service public rendu aux citoyens ou, en l'occurrence ici, aux créateurs.
Comment réduire les dépenses publiques, le poids administratif, les lenteurs et procédures complexes, les surcouches réglementaires ?
Le ministère de la Culture en France coûte plusieurs milliards d’euros par an. Pour les partisans d’un État plus léger, la culture ne devrait pas être financée à un tel niveau par l’argent public.
Par ailleurs ce ministère développe inévitablement une “culture officielle”, avec un entre-soi culturel piloté par une pléiade de fonctionnaires, quelques galeries accompagnées par une poignée de personnes autorisées qui ne favorisent finalement que certains milieux.
L’État, en finançant des projets plutôt que d’autres, oriente indirectement la création et influence ce qui est valorisé.
L'état en accordant davantage de place au patrimoine monumental, toujours vecteur de Tourisme culturel puissant, en encourageant le mécénat et les industries culturelles pourraient se dégager des missions actuellement publiques.
Réformer ou supprimer le ministère de la Culture ?
En France, le modèle est excessivement étatisé, avec un budget conséquent : l’État finance le patrimoine, les arts vivants, le cinéma, les musées nationaux...
En Allemagne le modèle reste décentralisé, pas de ministère de la culture au niveau fédéral pendant longtemps, un secrétariat d’État seulement depuis 1998. Les Länder (régions) ont la quasi-totalité des compétences : musées, théâtres, patrimoine. Les budgets culturels régionaux sont souvent plus élevés que ceux de l’État fédéral, la culture est d’abord territoriale, proche des citoyens.
Au Royaume-Uni, le rôle de l’État est limité, beaucoup de financements passent par des organismes indépendants comme l’Arts Council England. Le système repose sur un mécénat privé, sur une billetterie et des revenus propres aux institutions. Les subventions publiques sont plus faibles qu’en France. La vision demeure libérale : l’État soutient, mais le marché et les mécènes jouent un rôle majeur.
Aux États-Unis : très faible intervention fédérale, pas de ministère de la Culture, la culture relève principalement de l’initiative privée et communautaire. Agences fédérales modestes (NEA, NEH), le secteur culturel repose sur le mécénat privé avec les déductions fiscales qui en découlent, sur des fondations, des universités, sur le financement local des villes ou des États.
La France compte 12 écoles nationales supérieures d’art (ENSA), dont l' École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (ENSBA), fondée en 1648.
À côté de ces ENSA, on trouve environ 34 écoles supérieures d’art et de design (ESAD) territoriales publiques.
En tout, on recense près de 84 établissements d’art en France, couvrant des disciplines allant des beaux-arts traditionnels à la création numérique.
Les principales critiques
Sous-financement et fermetures : plusieurs écoles sont menacées par des coupes budgétaires. L’ESAD de Valenciennes a par exemple annoncé sa fermeture définitive en 2025, et d’autres établissements publics craignent le même sort.
Inégalités territoriales : les grandes écoles parisiennes (ENSBA, ENSAD) bénéficient d’une visibilité et de ressources supérieures, tandis que les écoles régionales peinent à maintenir leurs activités.
Débouchés incertains : Le marché de l’art reste précaire. Beaucoup d'étudiants doivent compléter leur parcours par des expériences professionnelles ou se tourner vers l’enseignement, la médiation culturelle ou le design.
Tensions pédagogiques : certains reprochent aux écoles de rester trop centrées sur l’expérimentation libre, sans assez de formation technique ou professionnelle. D’autres estiment au contraire que la liberté créative est leur force, mais qu’elle n’est pas suffisamment accompagnée par un soutien à l’insertion professionnelle.
Manque de reconnaissance institutionnelle : les écoles d’art sont souvent considérées comme marginales dans l’enseignement supérieur, ce qui fragilise leur position face aux universités ou aux écoles privées.
Les débats actuels
Les Assises nationales des écoles d’art et de design de Marseille, début novembre 2025 (1), ont mis en lumière les enjeux : égalité des chances, conditions d’enseignement, et avenir de la création artistique dans un contexte de crise.
La ministre de la Culture a évoqué la possibilité de fermer certaines écoles jugées « en situation de crise », ce qui a provoqué un choc dans le milieu.
Les directeurs et enseignants insistent sur la nécessité de repenser l’enseignement artistique à l’horizon 2050, en intégrant davantage les enjeux numériques, écologiques - on se demande bien le pourquoi de l'écologie - et sociaux.
En résumé
Les écoles des beaux-arts en France restent des lieux de création et de liberté artistique, mais elles souffrent de fragilités structurelles : financement insuffisant, manque de reconnaissance académique, et insertion professionnelle difficile. Leur avenir dépendra de leur capacité à se réinventer et à mieux articuler expérimentation artistique et réalités socio-économiques.
1/ Communiqué de presse – Assises nationales des écoles d’art et de design 2025 à Marseille
L'ANdÉA réaffirme la force, la responsabilité et les valeurs du service public de la création.
Plus qu’une conférence, plus qu’un état des lieux, Demain l’école d’art : horizon 2050 est une déclaration d’urgence, une invitation à la mobilisation de l’intelligence collective.
Les Assises nationales des écoles d’art et de design 2025, organisées à Marseille par l’ANdÉA (Association nationale des écoles supérieures d’art et design publiques) en partenariat avec l’ANÉAT (Association nationales des écoles d’art territoriales de pratiques amateurs) et l’APPÉA (Association nationale des prépas publiques aux écoles supérieures d’art), représentant l’ensemble de la filière de l’enseignement artistique, ont réuni pendant trois jours plus de 500 participant·es : étudiant·es, enseignant·es, technicien·es, directeurs et directrices, personnels administratifs, bibliothécaires, artistes, chercheur·euses, élu·es, partenaires institutionnels et représentant·es des ministères.
Ces rencontres ont été l’occasion d’un dialogue riche, passionné, intense, parfois vif, avec le souci de la justesse et de la lucidité, toujours au service d’une pensée pour l’avenir du service public de l’enseignement artistique. Les nombreuses voix qui composent nos écoles s’y sont exprimées, illustrant la vitalité, la pluralité et la force critique d’un réseau profondément attaché à ses missions d’intérêt général. Les échanges ont réaffirmé avec force que les écoles d’art et de design sont des espaces irremplaçables de liberté d’expression, de création et de pensée critique sur l’ensemble du territoire. Dans un monde où ces libertés sont attaquées, parfois violemment remises en cause, il est plus que jamais nécessaire de préserver et défendre ces lieux d’expérimentation et de transmission, au cœur de la vie démocratique et culturelle.
L’ANdÉA appelle à un engagement des tutelles pour garantir des moyens à la hauteur des missions de ces établissements, dont la fragilisation économique met en péril la pérennité et la qualité du service public de la création.
L’événement a été profondément bouleversé par la diffusion d’une liste anonyme circulant sur les réseaux sociaux, dans le sillage d’Art Basel Paris, visant plusieurs personnalités du monde de l’art et des écoles. Ce contexte a abouti à l’annulation d’une table ronde. Cette situation a suscité une vive émotion parmi les participant·es et a soulevé la nécessité de la liberté du débat démocratique, sur des sujets de première importance pour les étudiant·es comme pour l’ensemble de la communauté des écoles d’art, dans le respect des personnes et de leurs diversités.
L’ANdÉA condamne avec la plus grande fermeté toutes les formes de violences et de discriminations, et reconnaît leur caractère structurel au sein du monde de l’art et de l’enseignement, comme dans la société tout entière. Ces violences exigent des réponses collectives, durables et responsables, fondées sur l’écoute, la formation, la prévention et la justice.
L’ANdÉA réaffirme son engagement à lutter sans relâche contre les violences sexistes, sexuelles et morales, à soutenir les victimes, à mettre en œuvre des dispositifs légaux et respectueux des personnes concernées et à refuser toute démarche qui s’apparenterait à un tribunal parallèle. L’ANdEA entend les colères tout en travaillant à garantir des règles communes, gages d’un sérieux plus que jamais nécessaire ; elle appelle les tutelles à un travail urgent et efficient pour que les écoles de l’enseignement supérieur Culture soient dotées d’accompagnements et d’outils structurels et financés.
La parole étudiante s’est exprimée avec force et engagement militant. Certain·es ont fait part de leur déception de ne pas avoir eu suffisamment d’espace dans les discussions et les assemblées. L’ANdÉA entend cette critique et en prend acte.
Nous comprenons et affirmons la nécessité de repenser, dès à présent, les formes de participation étudiante au sein de notre association. L’avenir du service public de la création ne peut se construire sans la voix de celles et ceux qui y apprennent, y vivent et y expérimentent.
Après la fermeture de trois écoles supérieures d’art, à Rueil-Malmaison en 2011, à Perpignan en 2016 et à Valenciennes en juin 2025, il faut sans tarder protéger un modèle fragilisé et rappeler la contribution essentielle de la création au bien commun.
Ouvrir la réflexion sur l’avenir de la création
Pour Ulrika Byttner, co-présidente de l’Andéa et directrice de l’École supérieure d’art et design Le Havre-Rouen, ces Assises marquent un tournant. « Nous voulons réfléchir à l’initiation artistique dès l’enfance et à la formation tout au long de la vie », explique-t-elle lors d’une conférence de presse donnée mi-octobre.
Une vingtaine de tables rondes rythment les débats, autour de grands thèmes : enseignement de la création, égalité des chances, conditions de travail des artistes et des designers. L’objectif est clair : bâtir une politique durable pour l’enseignement public de l’art et du design à l’horizon 2050, dix ans après les précédentes Assises organisées à Lyon en 2015.
Un contexte tendu pour les écoles d’art publiques
Ces discussions interviennent alors que le climat reste préoccupant. En juin 2025, l’École supérieure d’art et de design de Valenciennes — institution bicentenaire — a dû fermer, faute de financement. Deux autres écoles avaient déjà disparu à Rueil-Malmaison et à Perpignan, respectivement en 2011 et 2016.
« L’intérêt des jeunes pour nos formations explose, mais nos capacités d’accueil stagnent », note Ulrika Byttner. Les écoles doivent faire face à une hausse massive des candidatures sans moyens supplémentaires. Dans le même temps, l’enseignement privé gagne du terrain, rendant encore plus urgente la défense d’un service public de qualité.
Une filière en quête de stabilité et de reconnaissance
Bernhard Rudiger, vice-président de l’Andéa et professeur aux Beaux-arts de Lyon, souligne « un besoin croissant dans la société, notamment pour des cours du soir et des formations accessibles ». Mais l’équilibre financier des écoles reste fragile.
L’Andéa, qui regroupe environ 12 000 étudiants, veut clarifier les relations entre l’État et les collectivités, souvent sources de tensions budgétaires. Parmi les enjeux : garantir l’égalité des chances dans un système où certaines écoles accueillent jusqu’à 70 % de boursiers, et anticiper le vieillissement du corps enseignant.
Un signal d’alarme pour l’enseignement artistique
Les organisateurs des Assises appellent à définir un schéma directeur ambitieux et partagé, capable de dépasser les blocages actuels : diversité des statuts, sous-financement, absence de cadre national et inégalités de traitement.
Ces quatre journées marseillaises sonnent comme un avertissement pour une filière trop souvent sous-estimée. « Nos écoles des Beaux-arts ne peuvent plus couvrir leurs dépenses. Nous faisons face à une situation critique », conclut Bernhard Rudiger. Le défi : garantir la survie et la reconnaissance d’un enseignement essentiel à la vitalité culturelle du pays.
Les élèves de la Villa Arson accrochent leurs oeuvres
« Les projets d’enseignement sont conçus en partenariat avec de nombreuses structures publiques et privées – musées, centres d’art, festivals, scènes nationales, théâtres, fondations...
En plus de l’accès aux ateliers de production et d’expérimentation et aux galeries d’essais, la Villa Arson (une école d'art) offre à ses étudiants la possibilité de connaître toutes les modalités de la vie de l’œuvre d’art : de sa conception à sa production, des méthodes et des techniques de son exposition jusqu’à sa diffusion et à sa médiation. L’étudiant a ainsi un premier contact avec les autres métiers liés à la création artistique : le commissariat d’exposition, la régie et la production, la médiation culturelle, etc.
Aujourd’hui, l’établissement met en place plusieurs dispositifs d’accompagnement de l’étudiant vers l’après-diplôme, dont un workshop en régie et installation d’expositions, un programme de rencontres sur les aspects administratifs du quotidien de chaque artiste ou encore une exposition spécifiquement dédiée aux diplômés de la Villa Arson. »
Comme on le voit ici, les Ecoles des Beaux-Arts publiques en France sont un outil essentiel de perpétuation du grand délire de l’art « contemporain » d’Etat, qui relève plus de la psychiatries que de l’art ou de la culture.
Ces écoles ont un très très gros problème existentiel.
En effet, les collectivités locales qui les subventionnent à 81 % n’ont pas leur mot à dire… Ceci n’étant qu’une des moindres absurdités caractérisant ces établissements toxiques pour notre belle jeunesse et coutant très cher en argent public.
Quant à la « préparation au monde du travail » parlons -en ! C’est encore dans l’ordre du délirant déni de réalité. Car on sait bien que la plupart des diplômés ont plus de chance d’être caissier de super-marché, qu’artiste professionnel, après une période d’assistanat où l’appareil institutionnel les trimbale de résidences en résidences, entrecoupée d’expos en galeries municipales subventionnées, de Centres d'art, sans autre public que celui de l’entresoi cultureux local.
C'est l'un des objectifs fondamentaux de l'enseignement à l'école de Beaux-arts de Nice, dite Villa Arson C'est exactement ce qu'on voit sur l'image jointe au communiqué de presse intitulé " V...
La réouverture après travaux du Centre Pompidou, prévue dans cinq ans, coïncidera à n'en pas douter à de grands changements concernant le petit monde de l'art contemporain.
Déjà, avec de nouvelles autant que nécessaires orientations budgétaires, sans parler d'une mentalité et des appréciations forcément différentes après 50 ans d'un véritable diktat d'art dit contemporain ; rien n'est définitivement acquis, heureusement...
Après l'Opéra, la Comédie Française, c'est aujourd'hui le tour des radios et télévisions d'Etat de voir leur enveloppe très sensiblement diminuer. D'ailleurs France Info a débuté hier matin un mouvement de grève.
Quant aux débouchés professionnels des étudiants en art, effectivement, n'en parlons pas ! Les Frac n'achèteront plus et certains même, profitant des départs en retraites des fonctionnaires dédiés, fermeront. Idem pour les Centres d'art et la fermeture de celui de Pougues-les-Eaux ne constituera plus une exception.
" La commune de Pougues-les-Eaux fait l'acquisition du parc Saint-Léger pour 600.000 €. La localité va redevenir propriétaire du parc Saint-Léger et le Centre d'art contemporain devra quitter...
Françoise Nyssen, 17 mai 2017 Rachida Dati, 10 janvier 2024 Marc VERAT "L'art contemporain et ses institutions" Synthèse de P. GIRY LATERRIERE (1996) du Ministère J. TOUBON Une seule idée maît...
De : Nicole Esterolle <nicole.esterolle@yahoo.fr> Envoyé : vendredi 21 mars 2025 10:51 À : Marc VERAT <m_verat@live.fr> Objet : Feu-le-centre-d-art-de-pougues.html
Bonjour Marc pourriez-vous faire un texte sur la décrépitude des FRAC, leur disparition proche, faute d'argent de l'Etat, de public, de crédibilité, etc Amicalement Pierre Souchaud
Bonjour Pierre, Je vous renvoie à quelques extraits de mon texte de 1996 : pages 5 à 19 et à l'avis de P. Giry-Laterrière, Chef de Cabinet de J. Toubon, ministre de la Culture à l'époque.
CERTAINES INSTITUTIONS ONT- ELLES ENCORE UN AVENIR ?
"Ces fonds régionaux d’Art Contemporain, créés à partir de 1982, pour suivre la décentralisation mise en place par le gouvernement, vont se trouver inéluctablement confrontés aux problèmes d’espace, d’achat et de conservation des oeuvres (1).
Conformément à leurs statuts, ces institutions publiques ont acquis des oeuvres représentatives des courants significatifs, ou du moins considérés comme tels, de l’Art Contemporain. Ainsi, les collections comportent une part très importante d’oeuvres minimalistes et conceptuelles ou inscrites dans la postérité de ces tendances, avec une peinture figurative remarquablement et systématiquement absente.
Très souvent ces recherches conceptuelles, concrétisées par des « installations », affectionnent les compositions à base de matériaux et objets de récupération et elles n’ont guère de soucis quant à leur durabilité puisqu’elles peuvent être constituées de papier, de végétaux, de chiffons (2)...
En outre, on observe que certaines présentent l’inconvénient d’être à la fois encombrantes et d’une manipulation délicate. Le transfert de ces créations se trouve en conséquence malaisé et le volume non négligeable qu’elles occupent rend les espaces d’expositions et de réserves, mis à la disposition par les Régions, déjà proche de la saturation.
Ces constatations appellent plusieurs remarques en contradiction avec les deux objectifs fondamentaux fixés par le Ministère de la Culture pour les FRAC, à savoir : l’acquisition et la diffusion des oeuvres auprès du grand public ?
- L’acquisition des oeuvres, faute de moyens et d’espaces se raréfie. Il faut gérer la collection, les directeurs devenant de fait des conservateurs. L’essentiel du budget étant désormais réservé au fonctionnement.
- La diffusion dans différents lieux, par la nature même des oeuvres, est coûteuse, souvent compliquée, et surtout ne touche qu’un public pour le moins restreint.
- La conservation s’avère aléatoire, ce qui paraît ennuyeux lorsque l'on a pour ambition de constituer un patrimoine.
Les fonds régionaux sont gérés par des associations loi 1901 dont les buts (acquisition-diffusion) s’avèrent donc de plus en plus difficiles à respecter. Aussi, se trouvant à terme dans l’incapacité d’atteindre leurs objectifs, il semble nécessaire et logique d’envisager la dissolution pure et simple de ces associations et par voie de conséquence de prévoir la disparition des FRAC."
Aujourd'hui en 2025, avec de nouvelles autant que nécessaires orientations budgétaires nationales, sans parler d'une mentalité et des appréciations forcément différentes après 50 ans d'un véritable diktat d'art dit contemporain, l'Opéra, la Comédie Française, les radios et télévisions d'Etat voient leur enveloppe octroyée directement par le ministère de la Culture très sensiblement diminuer. Et ce n'est semble-t-il qu'un début !
Au niveau régional, pour cause aussi de budget contraint, c'est désormais le tour des Frac qui n'achètent plus et certains même, profitant des départs en retraites des fonctionnaires dédiés, fermeront. Idem pour les Centres d'art et la fermeture de celui de Pougues-les-Eaux en 2021 ne constituera plus une exception.
Depuis 2017 les Frac bénéficient d’un label du ministère de la Culture qui vient couronner des années d’engagement artistique et professionnel au service de l’intérêt général.
L'intérêt général, parlons-en ! Avec 99 % des créateurs exclus.
Les plus de 600 expositions qu’ils organisent par an sur l’ensemble du territoire sont un facteur décisif de la démocratisation culturelle.
La démocratie culturelle, ou autre, n'est qu'un leurre et cette publication officielle, aussi prétentieuse que mensongère sur les FRAC en représente, hélas, un accablant reflet.
Les Frac échangent avec tous les acteurs de l’art contemporain afin de préserver les différences de regards et de points de vue.
La peinture, notamment figurative, s'en trouve pourtant remarquablement et systématiquement absente.
Chaque Région française dispose d’une ou plusieurs collections d’art contemporain remarquables, qui contribuent à son rayonnement national et international.
Un rayonnement bien pâle après cinquante ans de subventions, et qui ne fait que suivre une tendance ou une mode venue, comme souvent, des Etats-Unis.
Les Frac ont accueilli dans toute la France plus de 1,5 million de visiteurs.
Il est pourtant de notoriété publique que ces lieux n'ont jamais eu de public.
Pour conclure :
Comment peut-on publier sur un site institutionnel de tels mensonges ?
Il est temps de mettre un terme à l'aberration des Frac, déjà par économie et justice républicaine, tout en profitant de l'occasion des départs en retraites des fonctionnaires dédiés.
Politique culturelle, vers un changement de paradigme : Une source importante d'économie et, surtout, d'égalité républicaine. Une mission de contrôle, d'audit, d'étude, de conseil et d'évaluation. Rapports transmis à Madame Rachida Dati sur l'avenir des Ecoles et Centres d'art, des FRAC, DRAC, et autres institutions culturelles.
Le budget du ministère de la Culture en 2026 devrait être de 3,7 milliards d'euros, ce qui correspond à une coupe de près de 300 millions par rapport au budget 2025 situé aux alentours de 4 milliards, ce qui correspond à une perte de 7%.
Selon le PLF 2026, le ministère de la Culture disposerait exactement de 3.736.487.969 € d'autorisations d'engagement, pour 3.747.857.177 € de crédits de paiement. La baisse est sensible, par rapport à la loi de finances pour 2025, qui prévoyait respectivement 4.028.739.645 € et 3.918.028.319.
Le budget de la rue de Valois serait donc considérablement revu à la baisse, une tendance que la loi de finances rectificative suivra sans doute. Le programme Patrimoines passe de 1,2 milliard € en 2025 à 1,04 milliard € en 2026, et celui dédié à la Transmission des savoirs et démocratisation de la culture de 810 millions € à 737 millions €.
Des opérateurs mis à contribution !
Si l'on considère le budget du ministère et celui de ses opérateurs, le total s'élève à 4,9 milliards €, à savoir : 3,6 milliards € pour le premier et 1,2 milliard € pour les seconds. La rue de Valois participe à l'effort financier avec une baisse de 300 millions, mais ses opérateurs ne sont pas pour autant oubliés.
Les moyens alloués auxdits opérateurs ou agences s'élèvent précisément à 1.288.436.222 €, un recul important par rapport aux 1.391.470.554 € de la loi de finances 2025. Les subventions pour charges d'investissement connaissent aussi une importante baisse, passant de 283 millions € à 153 millions €.
Les économies du gouvernement Lecornu vont bien entendu toucher les travailleurs de la culture, celles-ci présagent d'ailleurs la suppression de plus de 200 postes en équivalent temps plein, uniquement pour les taches ministérielles.
A noter, du ministère aux collectivités en passant par les Directions régionales des affaires culturelles, les financements sont à la baisse au contraire de ceux des armées, prévus singulièrement en hausse, pour cause de menace russe ?
Le Ministère de la culture est loin d’être le seul contributeur au fonctionnement de la culture en France : en 2019, sur les 17 milliards d’euros du budget de l’État alloué à la culture, seuls 3,6 milliards provenaient du Ministère. D’autres institutions, notamment l’Education et l’Enseignement Supérieur, mais aussi les collectivités locales contribuent grandement au financement de la création et production culturelles.
Les demandes d’économies adressées aux régions et aux collectivités territoriales, à hauteur de 4,6 milliards d’euros, devraient donc également conduire à une réduction massive des fonds alloués aux projets culturels, et des milliers d’emplois titulaires comme intermittents, seront immanquablement menacés.
par éducation-programme
Financées à la fois par les contribuables, par les dotations de l'État et au besoin par l'endettement, il paraît d'actualité de s'interroger sur les dépenses des Régions et, plus généralement, sur le budget de l'État.
Faire des économies reste un exercice d’équilibre : il faut réduire les dépenses sans nuire à la croissance, à la cohésion sociale ni aux missions régaliennes.
Réduction des dépenses de fonctionnement de l’État selon chatGPT
Modernisation administrative
Numérisation accrue des services publics : dématérialiser davantage les démarches (fiscalité, justice, santé). Économie estimée : plusieurs milliards d’euros sur 5 ans.
Rationalisation des structures : fusion d’agences, réduction des doublons entre État et collectivités.
Revue des effectifs administratifs : remplacement partiel des départs à la retraite.
Achats publics
Mutualisation des achats entre ministères et collectivités.
Renégociation des contrats de prestations (informatique, communication, énergie).
Maîtrise de la masse salariale publique
Gel partiel du point d’indice (hors bas salaires et métiers en tension).
Encourager la mobilité interne pour limiter les recrutements externes.
Réduction des primes et indemnités redondantes.
Réformes structurelles
Ciblage des aides : réduire les aides non conditionnées aux revenus.
Lutte contre la fraude sociale et fiscale (plus de contrôles automatisés grâce à la data).
Encourager le travail des seniors pour réduire la charge des retraites.
Santé
Lutter contre les actes redondants, développement de la télémédecine.
Réorganisation hospitalière : mutualisation des achats, spécialisation par établissement.
Transition écologique
Suppression progressive des subventions aux énergies fossiles.
Conditionner les aides vertes à des objectifs mesurables de décarbonation.
Recettes complémentaires, sans hausse générale d’impôts
Lutte renforcée contre la fraude fiscale internationale.
Ciblage des niches fiscales.
Valorisation du patrimoine public, cession ou mise en location d’actifs non stratégiques.
Budgets de performance : chaque ministère doit prouver l’efficacité de ses programmes.
Audit annuel indépendant des politiques publiques.
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Par économie, faut-il aussi supprimer le ministère de la culture ?
Un secrétariat d’État peut être perçu comme plus léger qu’un ministère, avec moins de niveaux hiérarchiques et moins de personnels, il pourrait aussi être intégré dans un grand ministère, comme par le passé à l’Éducation.
Le budget de la France se compose de trois pôles dont la nécessité de l'endettement oblige désormais des réformes :
Le budget des collectivités territoriales et des intercommunalités
Le projet de loi de finances 2026 prévoit de ramener le déficit public à 4,7 % du PIB en 2026 et à moins de 3 % en 2029 ?
Il prévoit de réduire les dépenses des ministères et de ses nombreux opérateurs, comme le CNRS, tout en allouant des moyens supplémentaires aux politiques prioritaires, à savoir : plus de 10 milliards d'euros pour la défense, avec également 6,7 milliards d’euros consacrés au réarmement. Sans pour autant naturellement oublier la transition écologique, l’éducation, la justice, la sécurité et la charge de la dette.
Ce projet propose que l’effort de réduction des dépenses de l’État porte sur un recentrage de certaines aides aux entreprises, un meilleur ciblage sur le champ de l’emploi, un contrôle de la masse salariale de l’État, un réexamen des projets d’investissement et une réflexion sur l’action de l’État et de ses opérateurs. Les collectivités territoriales seraient associées aux efforts de réduction du déficit public.
Du côté des recettes, le projet de loi de finances pense augmenter la fiscalité à hauteur de 6,5 milliards d’euros sur certains contribuables, avec la création d’une taxe sur le patrimoine financier, la prolongation de la contribution sur les hauts revenus. Ces mesures seraient complétées par la rationalisation des niches fiscales, le gel - peut-être - du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG...
Afin de garantir la pérennité du modèle social, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) vise à ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros en 2026 avec un objectif de retour à l’équilibre en 2029. Cet effort devrait porter sur la branche vieillesse et la branche maladie avec une moindre revalorisation des prestations sociales et des pensions de retraite ?
Selon le projet de loi de finances 2026, la mission « Culture » se voit allouer environ 3,54 milliards d’euros, hors charges des personnels .
Le ministère de la Culture finance directement un large réseau d’établissements, C'est-à-dire ses opérateurs comme les musées, les monuments nationaux, opéras, théâtres, écoles d’art, conservatoires, etc. Il soutient également des politiques de diffusion, d’accès à la culture, d’éducation artistique, d’aide à la création et de soutien au patrimoine.
Si ce ministère entend bien contribuer à la maîtrise des dépenses, il devra réduire ou redéployer les crédits : le PLF 2026 prévoit en principe une baisse globale des crédits de la mission Culture par rapport à 2025.
Le ministère a la possibilité d'optimiser la gestion de ses établissements afin de réduire les coûts de fonctionnement, de regrouper des structures et des services, de mieux cibler les aides en fonction de l’impact culturel et social ou encore d'encourager le mécénat privé afin de ne pas reposer uniquement sur le budget de l’État.
Le PLF 2026 prévoit une baisse des crédits pour la culture ce qui signifie que le ministère n’aura plus la possibilité d’augmenter ses dépenses, mais plutôt et seulement de faire des arbitrages.
Certains programmes seront donc impactés, par exemple le soutien à la « transmission des savoirs et démocratisation de la culture » (accès jeunesse, éducation artistique, etc.) qui verra ses crédits réduits de manière significative.
Afin de jouer un rôle efficace dans le cadre du redressement budgétaire, tout en préservant l’essentiel de la politique culturelle, le ministère doit prioriser la mutualisation des moyens et surtout améliorer l’efficacité de son administration et de ses opérateurs, voire en en supprimant quelques-uns.
Le ministère de la Culture ne « finance » pas l’État : il dépense. Sa contribution à l’équilibre consiste donc à maîtriser, réduire ou optimiser ses propres dépenses, tout en cherchant éventuellement des sources de cofinancement.
L'institution peut néanmoins toujours réduire les dépenses énergétique de ses bâtiments, supprimer des dépenses de communication, rationaliser la gestion interne des services.
Les grandes institutions culturelles (musées, bibliothèques, opéras, théâtres nationaux…) représentent une part importante des dépenses publiques. Le ministère peut toutefois revoir certains modèles d’activité, mieux cibler les subventions en fonction de l’efficacité et la fréquentation, inciter à davantage d’autofinancement par la billetterie, les partenariats, le mécénat. Il peut revoir ces mécanismes de soutien en rendant les critères plus sélectifs et encourager le tourisme culturel.
Le parc immobilier du ministère reste conséquent, donc les charges ; fermer, vendre ou regrouper les sites sous-fréquentés doit être sérieusement envisagé.
Même si ce n’est pas leur cœur de métier, certains opérateurs peuvent augmenter leurs ressources par la diversification des offres et les locations d’espaces, notamment aux entreprises.
Par économie, faudrait-il supprimer le ministère de la culture ou plutôt le réformer ?
La question revient périodiquement dans le débat public.
Cette institution est régulièrement remise en cause. Certains estiment qu’elle est devenue inefficace, coûteuse, voire inutile à l’époque du numérique et des plateformes mondialisées.
Cependant le ministère de la Culture joue ou a joué un rôle dans la préservation du patrimoine en protégeant les monuments historiques, en soutenant les musées, les bibliothèques et, plus généralement, en veillant à la transmission d’un héritage collectif.
Néanmoins beaucoup jugent que ce ministère est devenu un appareil bureaucratique lourd et centralisé, parfois déconnecté du terrain, avec des moyens financiers absorbés par son fonctionnement plutôt que distribués aux artistes qui dénoncent des procédures longues, des subventions arbitraires et une gestion trop parisienne. D’autres accusent l’État de politiser la culture : selon eux, les subventions favorisent certains courants esthétiques ou idéologiques, au détriment de la liberté de création avec un marché qui s'en trouve par ailleurs faussé.
Confrontés aux difficultés pour équilibrer des budgets grevés par l’augmentation des charges, les Régions et l'État mesurent que les solutions ne pourront plus reposer uniquement sur l’accroissement des financements publics et qu’il convient donc de repenser en profondeur leurs projets, dans leur rapport aux territoires et modèles économiques.
Dans ces circonstances, la commission culture de Régions de France a souligné l’urgence à se mobiliser pour engager une large réflexion sur le devenir du secteur culturel en France, en s'interrogeant notamment sur la pertinence des modèles centralisés et normatifs du ministère, sur son respect des droits et des diversités des expressions. Les Régions souhaitent donc, à leur échelle, se saisir publiquement et nationalement du sujet qui sera présenté lors de leur prochain Congrès.
Depuis la création du ministère des Affaires culturelles en 1959, le déploiement des politiques culturelles a reposé, à partir des différentes lois de décentralisation, sur une supposée coopération entre État et collectivités.
Mi-juillet, le Sénat publiait une note affirmant que la refonte de ces organisations pourrait permettre de faire 540 millions d’euros d’économies sur quelques années. La commission d'enquête a constaté que les agences se sont développées hors de toute stratégie d'ensemble, formant un archipel aux frontières mal définies. Conséquence directe, les Régions et l'État se verront également contraints d’opérer des choix.
Aujourd'hui, 91 milliards d'euros sont distribués aux différents opérateurs ou agences de l’État.
Parmi les opérateurs à vocation culturelle certains, comme l'Opéra de Paris ou la Comédie française, ont déjà perdu respectivement 6 et 5 millions d'euros et le budget de la culture, après cinq années de hausse, se trouve réduit fin 2024 de 204 millions d'euros.
Mais d'autres économies, propre au Ministère de la Culture, comme sa mutation souhaitable en un Secrétariat d’État, chiffrées cette fois non plus en millions mais en milliards, ne seraient pas pour autant impopulaires.
Le Centre National des Arts Plastiques coûte toujours 11.2 M€ et l'Académie de France à Rome pas moins de 10.9 M€. Le fonctionnement de cette Académie a d'ailleurs déjà fait l'objet d'un rapport d'information au nom de la commission des finances du Sénat :
Une suppression de cette Académie, c’est-à-dire de la Villa Médicis, serait, non seulement logique mais également salutaire au budget. En effet, cette Institution uniquement prévue pour accueillir les lauréats des Prix de Rome perdure, alors que la distinction des Prix de Rome a été abandonnée depuis 1968.
La nomination de directeur de la Villa Médicis se fait par décret du chef de l’État, celle-ci offre des opportunités de reclassement, ce qui peut expliquer que même devenue depuis longtemps inutile et sans objet, la suppression de la Villa ne figure pas à l'ordre du jour, pas plus que sa vente ou sa restitution aux italiens.
En 2022, le budget global des 22 Frac s'élevait à plus de 36 millions d'euros... Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain, créés à partir de 1982, voient désormais leurs responsables proches de la retraite. C'est aussi le moment opportun de s'interroger sérieusement sur ces institutions, sur leur rayonnement et leur coût ? Comme semble réagir en ce sens l'association Régions de France.
Les FRAC, voulus par un gouvernement de gauche, entérinés par un gouvernement de droite, ont contribué non seulement au discrédit de la gauche mais également à la détérioration durable de l'image de l'Art. L'art s’est coupé de la base populaire et laborieuse en devenant l'affaire, comme jamais auparavant, d'une classe extrêmement minoritaire.
Ces Fonds Régionaux d’Art Contemporain se trouvent désormais confrontés aux problèmes d’achat et de conservation.
Conformément à leurs statuts, ces institutions publiques ont acquis des oeuvres représentatives des courants significatifs de l’Art Contemporain, ou du moins considérés comme tel, mais qui de fait excluent 99% des créateurs.
Les deux objectifs fondamentaux fixés par le Ministère de la Culture, à savoir : l’acquisition et la diffusion auprès du grand public ne sont et ne peuvent plus être respectés.
- Les acquisitions, faute d'argent se raréfient. Il faut gérer la collection, les directeurs devenant des conservateurs. L’essentiel du budget étant réservé au fonctionnement.
- La diffusion dans différents lieux, par la nature même des créations reste souvent compliquée, et surtout elle n'intéresse pas le public.
Faute de pouvoir atteindre les objectifs du Ministère, il semble logique d’envisager la dissolution pure et simple de ces associations et par voie de conséquence de prévoir la disparition de tous les FRAC.
Au niveau des Régions, sans parler d'une mentalité et des appréciations forcément différentes concernant l'art dit contemporain et pour cause de budget contraint, les Frac n'achètent ou n'achèteront plus. Plusieurs se verront même dans l'obligation de mettre à profit les départs en retraite de leurs fonctionnaires dédiés, pour fermer et mettre un terme définitif à cette malencontreuse et coûteuse expérimentation. Idem pour les Centres d'art et la fermeture de celui de Pougues-les-Eaux, dans la Nièvre, en 2021, ne devrait plus constituer une exception.
Bien entendu, toute décision ne serait pas sans conséquence pour des milliers de fonctionnaires réduits plus ou moins au reclassement, et pour les quelques collectionneurs spéculateurs ou les très rares artistes vivant de subvention ou de commande d’État. Mais à bien réfléchir, ces propositions de réforme ou suppression rétabliraient justice et équité sociale chez des artistes qui se trouvent, pour une énorme majorité, exclus des choix et des achats publics. Ces importants changements réhabiliteraient aussi et surtout l'impartialité du marché, avec les indispensables économies recherchées par la France.
Monsieur Pierre Oudart a remis en novembre 2023 à la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, les conclusions de la mission qui lui avait été confiée au printemps 2023 sur la situation des 33 écoles supérieures d’arts territoriales. Ces conclusions seront également portées à l'appréciation de Madame Rachida DATI, la nouvelle ministre.
Sans proposition de réformes structurelles de fond et sans remise en cause de l’entre-soi institutionnel, le document remis fin 2023 ne propose pas de solution pédagogique, tout juste quelques méthodes qui visent à sortir les écoles d'art de leur "délaissement administratif" et de leur globale marginalisation.
Notons toutefois dans le texte de ce rapport quelques lueurs de bon sens "Il faut privilégier la diversification des formations, leur caractère modulaire, l'acquisition et la certification de savoir-faire - Il faut en finir avec ces diplômes qui cachent de plus en plus mal un nouvel académisme où des étudiantes et étudiants passent trois ou cinq ans avec pour objectif principal de produire "un chef d'œuvre" que l'on appellera "diplôme" et qui encombrera ensuite le garage des parents ou des grands-parents" ou bien le FRAC le plus proche !
De : SALAUN Georges <georges.salaun@culture.gouv.fr> Envoyé : mercredi 7 février 2024 09:12 À : Marc VERAT <m_verat@live.fr> Objet : RE: Avec les félicitations du jury
Bonjour monsieur,
J’ai transmis votre message à la conseillère en charge du sujet.
A chaque époque son art officiel !
Parfois l'artiste l'ignore, parfois il y adhère plus ou moins et, plus rarement, il s'y oppose ouvertement.
Depuis un demi siècle, le principe des manifestations d'art contemporain change peu et reste toujours aussi obscur ! Toute forme d’objet, pour suivre l'idée de Marcel Duchamp, peut devenir artistique si le monde de l’art le présente comme tel, avec grands renforts de textes, souvent incompréhensibles, de théories toutes autant hermétiques et de marketing culturel en lien étroit avec les Institutions.